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La spontanéité d'une polyglotte hyperactive.

mardi 18 janvier 2011

Le coeur fige au fond de l'eau

(Desole encore une fois pour les accents!)

Combattre une phobie est toujours un instant rempli d’adrenaline. J’avais oublie que j’avais toujours été terrorisee a l’idee de me balader sur une surface d’eau glacee. Laissez-moi vous dire que la peur s’est repointee a la vitesse de l’eclair lorsque j’ai été obligee de traverser les 3 km qui me separaient de la terre ferme a pied, sans etre certaine que la glace allait resister a mon poids.


Vendredi matin, nous quittons tous les 3 Irkutsk, ville a l’est du Lac Baikal, pour se rendre sur une ile adorable a 6h en autobus. Le trajet, dans un machroutka typique russe passe assez rapidement, malgre que nous sentons la temperature de nos pieds baisser de plus en plus au fil des heures. Nous roulons sur une route cabosseuse, en plein milieu de la nature russe. L’expression etre au beau milieu de nulle part prend tout son sens, particulierement quand je me figure sur la carte du monde : en pleine Siberie a 13h de decalage horaire de la maison.


Nous nous eloignons de plus en plus e la civilisation, un moment donne la route se fait plus difficile pour le chauffeur, nous subissons les multiples secousses en observant ce paysage de plus en plus… lunaire si je peux dire. De nombreuses collines toutes enneigees, rien d’autre a des kilometres a la ronde, un paysage de carte postale de plus en plus beau.


Eva m’avoue que la femme russe assise devant nous a declare que nous allons devoir traverser les 3 km sur le Lac Baikal a pied, avec tous nos bagages, car la glace ne resistera surement pas au poids de la voiture. Ok, go l’aventure, j’eclate de rire, la peur est encore inexistante a ce moment.


En arrivant au bord de l’eau je sens une montee d’adrenaline. J’ai hate de traverser le lac et je sais qu’il s’agira d’une experience unique. Le chauffeur si sympathique nous laisse la sans dire un mot. Eva un peu inquiete lui demdande si ce n’est pas dangereux, il la regarde alors avec un regard loin d’etre rassurant en declarant : Russian extreme. J’eprouve soudainement un petit doute, si la glace ne resiste pas au poids de la voiture, qu’est-ce qui peut nous garantir que tout ira pour le mieux. D’autant plus que j’imagine bien ces Russes nous lancer dans la gueule du loup avec leur fameuse nonchalance.


Je me sens plus aventureuse que jamais, je mets le pied sur la glace, et… Je perds tous mes moyens. Ma phobie refait surface, mon cœur se met a battre a vive allure, je n’ai plus senti le froid de mes pieds pour toute l’heure qui a suivi. Je vois l’eau sous la glace si pres, la glace semble si mince, et je me fais les pires scenarios. Des histoires de mort et d’hypothermie qui deviennent de plus en plus intenses et realistes a chaque pas !


Eva saisit ma main, elle tremble un peu et je vois immediatement la peur dans son regard. Marie-Helene, tu vas devoir etre forte pour deux que je me dis, et je me suis interdit de lui montrer a quel point j’avais peur car je savais qu’on n’aurait pas été pres de finir cette fameuse traversee! Le seul moyen de traverser ce maudit lac c’est d’avancer, alors let’s go. Je tente de la rassurer en disant n’importe quoi et je la traine le plus vite possible, je veux me retrouver en securite de l’autre cote maintenant !


Puis les bruits ont commence. La premiere fois on s’est dit pour se rassurer qu’il s’agissait seulement de l’autobus qui était encore tout pres, tout en sachant parfaitement que ce n’était pas le cas. Puis ils se sont intensifies tout au long de notre marche. Des bruits inconnus, non pas des bruits de fissures, mais des bruits profonds et surprenants, coupant sechement le silence du lac, nous avions l'impression que des dizaines de bombes eclataient sous nos pieds.


Sur une partie de la glace, de la neige cache cette vue qui nous etourdit. Nous respirons mieux et la peur s’eloigne pour un bref moment. On en profite meme pour prendre quelques cliches a la vitesse de l’eclair. Nous nous trouvons sur le lac Baikal, moment tout a fait irrealiste et la vue est a couper le souffle.


Un craquement pas trop agreable se fait entendre a notre droite, mon cœur cesse de battre et je traine tranquillement Eva avec moi vers la gauche. Nous sommes presque arrivees et un autre petit autobus nous attend de l’autre cote pour nous amener a notre auberge. Vite. Mes scenarios ne cessent de s’intensifier, mon cerveau doit tellement bruler de calories a l’heure qu’il est et je tente de ne pas trop regarder sous mes pieds ce grand vide de centaines de metres qui me donne le vertige!


Nous atteignons finalement le rivage. Pour ma part je suis en total etat de choc apres cette montee si intense d’adrenaline. Je prends place dans le petit autobus sans jamais remarquer que je n’ai pas de dossier pour accoter mon dos. Je suis figee sur place et seulement 30 minutes plus tard j’ai l’impression de reprendre conscience. J’ai froid, j’ai faim et je suis foutument mal assise dans ce bus.


J’ai donc vaincu une de mes phobies, chose a laquelle je ne m’attendais pas ! Et cette traversee qui a du s’ecouler sur un bon 35 minutes demeurera a jamais un de mes moments les plus intenses et terrifiants!


Mais bon ne vous inquietez pas, apres avoir parle avec des locaux le soir meme j’ai compris que nous n’avons couru aucun danger. Absolument aucun. Chose que nous ignorions quelques heures plus tot.

1 commentaire:

Catherine a dit…

TRès courageuse la soeur. :) !