En quelques mots

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La spontanéité d'une polyglotte hyperactive.

jeudi 23 décembre 2010

D82 mon amour

20h20 ou 22h20 dans l’aéroport d’Amsterdam, tout dépend de la perception que je décide de donner au décalage horaire. Les accents russes ont fait place à des accents allemands. Ça parle français à mes côtés mais je ne suis pas plus excitée qu’il le faut. Le russe va me manquer pendant ces 2 semaines, on s’attache si rapidement à une langue et à toute l’immersion qui l’entoure en vivant dans un pays étranger.

Au moment d’écrire ces mots j’ai le cœur qui bat la chamade et mes mains tremblent un peu. Je viens de parcourir un bon 1000 mètres à la vitesse d’une coureuse olympique. Et en bout de ligne je ne me retrouve dans aucun avion, assise bien tranquille à la porte d’embarquement D82.
Quand tu t’aperçois que tu as 45 minutes pour ta correspondance, que le numéro de la porte d’embarquement est supérieur à 80, qu’il y a au passage la douane et la sécurité, tu sais automatiquement que tu vas courir pour arriver à temps. Et ça, c’est sans compter le retard du premier vol.

Alors je quitte tout bonnement Moscou direction Amsterdam, le vol décolle une heure plus tard parce que certaines pistes de décollage ne sont pas déneigées. J’atterris à Amsterdam 20 minutes avant la fermeture des portes pour l’embarquement de mon deuxième vol et j’ai tout sauf envie de devoir discuter avec ma compagnie aérienne pour prendre place dans un autre avion mille ans plus tard. Les heures sont longues à tuer quand on voyage seul !

Je cours donc ma vie en passant les douanes et la sécurité en un temps record. Les gens qui se trouvent sur mon chemin dans le terminal D me cèdent gentiment le passage et m’adressent des sourires compatissants. Puis soudainement j’entends un homme crier quelque chose et j’ai la légère impression qu’il s’adresse à moi. Je n’ai pas le temps de me retourner, au pire si j’ai perdu quelque chose ça m’est égal j’ai encore mon passeport entre les mains.

Un deuxième homme sur mon chemin semble m’interpeller. Cette fois je me retourne et fais face à une situation des plus cocasses. 3 hommes, tous un peu plus loin les uns des autres, tiennent quelque chose qui m’appartient. Tuque, mitaines, ceinture et chandail. Mon sac à dos s’est ouvert en chemin ! Je ne peux pas perdre plus de temps, les portes se ferment dans 5 minutes. Je cours de l’un à l’autre, saisit mes effets personnels, et un des hommes m’aident rapidement à tout ranger. Il s’exclame alors « Mais qu’est-ce que vous faites mademoiselle ? » J’ai envie de lui répondre une connerie du style je cours après le bonheur, mais bon comme si ce n’était pas assez évident je déclare : « JE VAIS MANQUER MON AVION MONSIEUR ! »

J’arrive finalement à la belle porte D82, toute échevelée, mon manteau North face sous le bras avec ma sacoche trop lourde, mon sac à dos trop plein qui s’est encore ouvert et mes bottes qui ont décidées de rendre l’âme en plein durant cette course folle (Mes deux fermetures éclairs se sont à moitié cassées !). En regardant l’information qui clignote sur le tableau, je n’ai pas le choix de rire de moi-même, mon vol est retardé d’une heure !

Je m’écrase sur un banc, éclatant de rire toute seule. Un vrai rire sincère. La dame de 80 ans à mes côtés me regarde avec ses lunettes sévères et saisit le sac qu’elle avait posé sur le banc à côté de moi, dans la peur sans doute que je sois une folle qui tente de le lui voler.
5 minutes plus tard, je saisis une feuille de papier et je rédige le tout. Mon voisin de gauche se retourne vers moi tout emballé en me demandant si j’écris un livre. Il a été déçu, mon seuil de sociabilité était inexistant à ce moment.

Les anecdotes de voyage sont toujours les meilleures.

jeudi 16 décembre 2010

Deux coupes

On est jeudi. Je ne vous ai pas oubliés pour autant et je tiens ma promesse d’une publication un peu plus littéraire chaque mercredi! Pour ma défense, internet ne fonctionnait pas sur le campus hier et j’ai donc eu plus de temps pour penser à ce que je vous livrais! Alors voilà donc une courte nouvelle sur l’euphorie suivant quelques coupes de vin.

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Avec lui je réinvente la vie. Derrière quelques bouteilles de vin, je refais le monde. Notre souper hebdomadaire est un prétexte pour nous retrouver dans notre bulle d’artiste que nul ne peut atteindre.

Je finis toujours par sentir la cigarette après ces soirées interminables qui se transforment rapidement en nuits blanches. Il aligne ses cigarettes les unes après les autres en un temps record. Après un certain moment, un briquet à la main, je me fais aussi prendre au jeu. Je camoufle le goût de nicotine en me noyant dans le vin qui coule à flot.

De nouvelles bouteilles finissent par se retrouver sur la table, débouchées dans le temps de le dire. En un clin d’œil on en avale les dernières gouttes. Elles tombent sans doute du ciel, et nous permettent de poursuivre nos discussions qui deviennent de plus en plus enflammées et de moins en moins cohérentes au fil des heures.

Puis suivent ces paroles, ces discussions qui nous projettent aux quatre coins du monde. Dans nos deux univers, nous mettons en pratique la théorie d’un certain écrivain, Ken Wilber. Les limites n’existent pas, ce sont les humains qui se les créent. En une nuit elles disparaissent toutes, les unes après les autres. Elles tombent comme des mouches et nous nous évadons vers des univers toujours plus euphoriques.

Alors on dessine la vie dans toute son imperfection avec des mots, des sourires et des silences. Ces silences qui créent les ponts entre nos brides de phrases décousues qui s’envolent en un clin d’œil, qui se perdent quelque part où personne ne peut les entendre à nouveau. Tant qu’il y a du vin sur la table, on ne peut pas tomber.

mercredi 8 décembre 2010

Suivant le précédant post!

Mes cours de création littéraire se sont terminés il y a un peu plus d’un an. Depuis, j’écris oui pour le plaisir, beaucoup même, mais non pas assidûment tel que je me l’étais promis. J’ai envie de vous partager ce qui se passe dans ma tête, toutes ces histoires, ces mille aventures, que je réécris en petites nouvelles littéraires par là pour passer le temps.

En fait je m’engage à vous partager quelque chose chaque mercredi. Mercredi, belle journée parfaitement neutre en milieu de semaine. Et je n’aurai pas le choix de me mettre à la tâche!

Il s’agit de fiction, et non pas d’autofiction. Je ne serais tout simplement pas capable de publier de l’autofiction sur ce blog. Un de mes enseignants en création déclarait que lorsqu’on s’apprête à publier un roman, un recueil de nouvelles, bref n’importe quoi qui a trait à l’art, c’est qu’on assume à 100% tout ce qui y est décrit. N’importe qui peut y avoir accès et émettre ses propres jugements.

Alors c’est avec un petit doute ce soir que je me lance dans le vide, en vous partageant une nouvelle (courte, minuscule!) inspirée d’une discussion banale dans le métro avec un ami :

Ami : Regarde la publicité.

M-H : Elle est enceinte mais son enfant est beaucoup trop haut. C’est pas crédible.

Ami : Elle a un enfant dans le cœur.

Une simple phrase a le pouvoir de déclencher une histoire qui s’enflamme en une fraction de seconde.

Un enfant dans le coeur

Elle a un enfant dans le cœur. Il pousse et l’étouffe de vie. Un enfant qui grandit, qui vole son espace et son identité.

Il cherche à s’ouvrir au grand jour. Mais elle le retient avec toutes les forces qui existent en une minuscule femme de cinq pieds et deux pouces.

L’enfant crie et elle pose les mains sur sa bouche en murmurant : «Pas tout de suite, sois patient mon cœur.»

Encore un peu.

L’homme est parti hier, son lit est froid d’absence et l’enfant vit.

lundi 6 décembre 2010

Mots justes

J’ai réécouté le film L’auberge espagnole qui a automatiquement pris tout son sens. Chaque petit détail, chaque petit élément de la vie quotidienne vécu lors d’un échange à l’étranger, le tout si bien transmis au téléspectateur. Cet échange c’est un concentré de la vie en huit mois.

Et depuis, il y a ces paroles qui repassent sans cesse en boucle dans ma tête : «Quand on arrive dans une ville on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Plus tard on aura habité cette ville, on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l’aura prise dix, vingt, mille fois. Au bout d’un moment tout ça vous appartient parce qu’on y a vécu.»

C’est mon arrivée à Moscou, de A à Z. À présent, je me suis approprié cette ville que j’adore de plus en plus au fil des jours.

dimanche 5 décembre 2010

Merci

J'avais délaissé mon blog pendant quelques semaines pour seulement mieux y revenir. J'avais besoin d'un petit instant de recul pour revoir d'un autre oeil mon aventure moscovite. Nourrir un blog c'est se dévoiler à nu, du moins ce qu'on accepte de dévoiler. On ne sait jamais tout-à-fait qui vient parcourir nos articles. C'est certain qu'il y a les bons amis, la famille, mais après... J'ai été agréablement surprise de voir les statistiques pour la première fois aujourd'hui. 143 dans la dernière semaine, 673 dans le dernier mois. Vous m'inspirez!

jeudi 2 décembre 2010

Un clin d'oeil

Très brièvement j’ai rencontré une Anglaise ce soir qui parle couramment russe. Nous avons discuté de tout et de rien, de la vie, de la Russie, des langues, de littérature. En effet, elle étudie la littérature française et la littérature russe. Et après une heure à discuter en russe elle me demande depuis combien j’étudie cette langue.

- Un an.

- Seulement un an? Wow tu te débrouilles bien! Tu parles beaucoup mieux que mes amis qui l’étudient depuis un ou deux ans.

L’immersion c’est la clé du succès. Je pense aussi que je parle beaucoup, mais beaucoup avec mes mains et tout ce langage gestuel!

Quand même, reste que c’est le plus beau compliment de la terre.

Bilan sympathique

Quelques Québécois ayant vécu une expérience semblable à la mienne, ici à Moscou, m’avaient avoué que l’adaptation s’étale sur un bon trois mois. S’habituer à la ville, à la culture, à la langue et l’accent, TOUT!

Ils avaient tellement raison.

Dans une semaine ça fera 3 mois jours pour jours que j’ai quitté Québec. Et puis un déclic s’est naturellement fait cette semaine. Je comprends les discussions des Russes qui m’entourent, je comprends cet homme pressé qui murmurent quelques phrases au cellulaire et ces femmes qui magasinent dans les "pererod". L’inconscient a enregistré tant de phrases, de mots et de lettres cyrilliques depuis mon arrivée. J’arrive à m’exprimer. Des phrases banales, des mots simples, mais jours après jours je plonge toujours plus profondément.

Je compare ces trois mois à une intense montagne russe parcourant toutes les émotions possibles. Déceptions et frustrations, impatience, moments cocasses et fous rire sur fous rire, entourés de beaucoup de « neutralité » si je peux le dire ainsi.

Être sur le neutre était un terrain inconnu pour moi qui vit toujours dans l’intensité, qui repousse toujours mes limites avec mille projets en tête. Et c’est ce qui a été le plus difficile, apprendre à respirer, accepter d’avoir des journées moins productives ou je ne fais que relaxer. J’y ai perdu mes repères à quelques reprises.

Comment expliquer… Je suis arrivée à Moscou. Nouvelle vie, nouvelles découvertes. Je devais prendre le temps de me recréer une routine à mon image. Reprendre le train de vie effréné que j’avais à Québec était tout simplement impossible.

Pour ceux qui se sont inquiétés par moments, il n’y a aucun souci à se faire. Je suis heureuse, je suis entourée de gens exceptionnels et jamais je n’ai regretté une seule seconde de m’être embarquée dans cette aventure! Je suis contente de rester encore une deuxième session, une seule aurait été trop courte et je serais repartie sur ma faim.