20h20 ou 22h20 dans l’aéroport d’Amsterdam, tout dépend de la perception que je décide de donner au décalage horaire. Les accents russes ont fait place à des accents allemands. Ça parle français à mes côtés mais je ne suis pas plus excitée qu’il le faut. Le russe va me manquer pendant ces 2 semaines, on s’attache si rapidement à une langue et à toute l’immersion qui l’entoure en vivant dans un pays étranger.
Au moment d’écrire ces mots j’ai le cœur qui bat la chamade et mes mains tremblent un peu. Je viens de parcourir un bon 1000 mètres à la vitesse d’une coureuse olympique. Et en bout de ligne je ne me retrouve dans aucun avion, assise bien tranquille à la porte d’embarquement D82.
Quand tu t’aperçois que tu as 45 minutes pour ta correspondance, que le numéro de la porte d’embarquement est supérieur à 80, qu’il y a au passage la douane et la sécurité, tu sais automatiquement que tu vas courir pour arriver à temps. Et ça, c’est sans compter le retard du premier vol.
Alors je quitte tout bonnement Moscou direction Amsterdam, le vol décolle une heure plus tard parce que certaines pistes de décollage ne sont pas déneigées. J’atterris à Amsterdam 20 minutes avant la fermeture des portes pour l’embarquement de mon deuxième vol et j’ai tout sauf envie de devoir discuter avec ma compagnie aérienne pour prendre place dans un autre avion mille ans plus tard. Les heures sont longues à tuer quand on voyage seul !
Je cours donc ma vie en passant les douanes et la sécurité en un temps record. Les gens qui se trouvent sur mon chemin dans le terminal D me cèdent gentiment le passage et m’adressent des sourires compatissants. Puis soudainement j’entends un homme crier quelque chose et j’ai la légère impression qu’il s’adresse à moi. Je n’ai pas le temps de me retourner, au pire si j’ai perdu quelque chose ça m’est égal j’ai encore mon passeport entre les mains.
Un deuxième homme sur mon chemin semble m’interpeller. Cette fois je me retourne et fais face à une situation des plus cocasses. 3 hommes, tous un peu plus loin les uns des autres, tiennent quelque chose qui m’appartient. Tuque, mitaines, ceinture et chandail. Mon sac à dos s’est ouvert en chemin ! Je ne peux pas perdre plus de temps, les portes se ferment dans 5 minutes. Je cours de l’un à l’autre, saisit mes effets personnels, et un des hommes m’aident rapidement à tout ranger. Il s’exclame alors « Mais qu’est-ce que vous faites mademoiselle ? » J’ai envie de lui répondre une connerie du style je cours après le bonheur, mais bon comme si ce n’était pas assez évident je déclare : « JE VAIS MANQUER MON AVION MONSIEUR ! »
J’arrive finalement à la belle porte D82, toute échevelée, mon manteau North face sous le bras avec ma sacoche trop lourde, mon sac à dos trop plein qui s’est encore ouvert et mes bottes qui ont décidées de rendre l’âme en plein durant cette course folle (Mes deux fermetures éclairs se sont à moitié cassées !). En regardant l’information qui clignote sur le tableau, je n’ai pas le choix de rire de moi-même, mon vol est retardé d’une heure !
Je m’écrase sur un banc, éclatant de rire toute seule. Un vrai rire sincère. La dame de 80 ans à mes côtés me regarde avec ses lunettes sévères et saisit le sac qu’elle avait posé sur le banc à côté de moi, dans la peur sans doute que je sois une folle qui tente de le lui voler.
5 minutes plus tard, je saisis une feuille de papier et je rédige le tout. Mon voisin de gauche se retourne vers moi tout emballé en me demandant si j’écris un livre. Il a été déçu, mon seuil de sociabilité était inexistant à ce moment.
Les anecdotes de voyage sont toujours les meilleures.
1 commentaire:
Haha. Tordant comme histoire.
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