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La spontanéité d'une polyglotte hyperactive.

vendredi 22 octobre 2010

Les Mérovingiens en toute intensité!


En Afrique c’était la couleur de ma peau qui me causait problème, ici ce sont mes capacités langagières. Ma bulle d’inconfort je la ressens à 100% les mercredis dans mon cours sur la culture allemande, où je suis entourée de 6 élèves et d’un enseignant, curieux de me connaître davantage et avec qui je communique de plus en plus.

L’enseignant me demande 15 fois par cours si je comprends bien. Dans le trois quart des cas la réponse est pas du tout, mais bon je le formule autrement pour ne pas ralentir les autres. J’ai appris à accepter d’être étiquetée comme « la Canadienne souriante qui parle à peine russe et encore moins allemand ».

Suite à mon exposé de cette semaine, je crois qu’on me voit davantage comme une jeune femme extrêmement expressive et dynamique. On me voit tel que je suis vraiment, et ça me fait un bien fou!

Il y a trois semaines à la fin du cours :

Enseignant : «Blablabla, semaine prochaine, blablabla, séminaire. Blablabla, bonne semaine! »

Quoi? J’ai failli m’étouffer. Un séminaire à préparer, en allemand je présume. Mais sur quoi? Et à quoi s’attend-il exactement? Je croise les filles à la sortie du bâtiment et je leur demande plus d’explications. Un exposé oral dans deux semaines. D’accord… mais ça ne me dit pas plus sur quoi!

La semaine d’après je pose mes questions à l’enseignant qui me remet une copie de 6 questions. « Tu peux choisir par exemple cette question, tu lis ce livre en russe et après tu le résumes en allemand. Rien de bien compliqué, juste quelques minutes. »

Mon regard se fige. Est-ce qu’il comprend que ce qu’il me demande est un effort surhumain? Lire une brique sur les Carolingiens alors que j’ai du mal à déchiffrer un livre pour enfant… J’aime les défis, mais quand même. D’après un calcul rapide, en une semaine j’avais le temps de lire les 30 premières pages, sans parler de la traduction allemande!

L’enseignant ajoute que je peux le faire en anglais si je préfère. Ouf, je respire déjà mieux. Et en regardant les questions de plus près je m’aperçois que certaines ne nécessitent aucune lecture précise. Me suis-je tournée vers la facilité? Non, j’ai respecté mes limites!

Entre un peu (beaucoup) de stress, mille questionnements intérieurs, et de bons amis qui m’ont prise par les épaules en déclarant : «Calme-toi, ta vie n’en dépend pas!» (tellement pas), j’ai pondu quelque chose de potable sur la fondation des dynasties mérovingienne et carolingienne. Sujet très intéressant soi dit en passant!

Mercredi arrive, je me demande sérieusement si j’y vais ou non… Après tout ça ne change rien si je ne me présente pas, je ne suis pas évaluée ici. Ce questionnement s’éclipse après 2 secondes, franchement depuis quand je me donne la permission de penser ainsi! J’ai respiré un grand coup et je suis partie au cours tout sourire. En bout de ligne j’ai toujours bien aimé les présentations orales.

J’observe mes collègues de classe, stressés comme jamais, certains tremblent et lisent leur texte mot à mot. Je me calme doucement et m’aperçois qu’à cet instant tout le monde est hors de sa zone de confort. Je les regarde en leur disant intérieurement : «Voilà comment je me sens à chaque fois dans cette classe! » Ils font leur présentation en russe, dans leur langue maternelle. Je ne comprends rien et de toute façon je n’écoute pas. Ma tête veut exploser, j’ai trop stressé durant les dernières heures.

Mon tour arrive… Je n’ai pas beaucoup de documentation comparativement à leur exposé de vingt minutes chacun. Mais ça m’est égal. Je me lance, toute passionnée par le sujet. Après deux phrases l’enseignant calme mes ardeurs, les autres ne comprennent pas vraiment ce que je raconte. En effet, l’anglais est leur troisième langue! J’ai donc simplifié mon vocabulaire au maximum, en mettant l’accent sur mon expressivité : «Economic crisis… you know…. money… and BANG! (en faisant le mouvement d’un avion qui s’écrase soudainement au sol).

Tout le monde a bien ri. Ce qui me semblait être une montagne infranchissable au départ s'est finalement avéré bien agréable.

2 commentaires:

MEM a dit…

Ooooooooooooh! J'ai eu l'impression d'être dans ta classe, que j'imagine beige et grise dans un demi sous-sol (pourquoi j'imagine l'UQAM?) avec toi qui gesticule, qui bouge, qui s'exclame. Je te vois comme au temps d'Ottawa, où on débattait de sujet complètement impertinent avec tout le sérieux du monde.
J'ai hâte de te voir!

Edith a dit…

C'est comme ca qu'on repousse nos limites! Je savais que tu serais capable :) Quand on prend la vie avec le sourire habituellement tout se passe bien!