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La spontanéité d'une polyglotte hyperactive.

mercredi 22 septembre 2010

Jongler entre sa troisième et sa quatrième langue

J’ai plusieurs objectifs par rapport à mon année ici. Un d’entre eux est de sortir le plus souvent possible de ma zone de confort et de contrer le fait que l’humain tend instinctivement vers la facilité.

Objectif grandement accompli pour la journée. Ouf, c’est ridicule comment des petites choses simples peuvent s’avérer angoissantes. Comme se rendre dans un cours d’allemand donné par un Russe alors que la session a déjà débuté depuis 2 semaines.

Par l’intermédiaire d’Ekaterina, la responsable du centre Moscou-Québec, l’enseignant est prévenu que je veux suivre son cours. Rendez-vous à 12h15 à la foutue classe 9 que j’ai réussi à trouver tant bien que mal, cachée derrière une porte blindée dans un demi sous-sol.

Je m’attends à me retrouver dans une grande classe où je passerai inaperçue et où je pourrai me cacher à l’arrière terrorisée par le fait d’avoir à répondre à des questions dans deux langues que je maîtrise plus ou moins.

J’entre dans la classe et 5 jeunes filles russes me regardent avec des points d’interrogations dans les yeux. Leur effet de surprise s’intensifie aussitôt que je demande s’il s’agit bien de la classe d’allemand. Mon accent «non-identifiable» ne passe pas inaperçu. Une des Russes, me tend un texte en me disant que c’est là-dessus qu’ils vont travailler aujourd’hui. Ouf, comme ça me fait du bien de me replonger dans la langue allemande. Je ne comprends pas tout, mais l’alphabet latin me fait du bien et je reconnais plusieurs mots.

L’enseignant entre finalement et me dévisage lui aussi, n’étant pas certain de comprendre pourquoi je me suis assise dans sa classe. Je lui explique que je suis Canadienne et que c’est Ekaterina qui m’a dit de venir ici. Il comprend aussitôt et me demande de revenir à deux heures.

De retour à deux heures, je suis déjà plus détendue. Je croise l’enseignant qui sort prendre l’air et qui me dit que je peux me rendre en bas. Les visages des autres étudiants sont déjà plus sympathiques et je me rassois dans ce petit local avec une impression de déjà-vu.

Le cours débute, il me demande mon nom. J’ai renoncé depuis longtemps à expliquer que c’est Marie-Hélène. Les noms composés ne sont pas trop internationaux, alors je diminue ça à Marie. Il explique aux étudiants que je suis Canadienne, yeah 4 sourires dans ma direction, je sens automatiquement une ouverture d’esprit de leur part. C’est habituellement assez répandu dans le domaine des langues. J’ai beau être l’étrangère, je sais que je vais finir par me sentir à ma place dans cette classe.

Il s’agit d’un cours d’histoire sur la dynastie carolingienne. Disons qu’après mes deux petits cours d’allemand où j’ai appris les aliments et comment me diriger dans une ville je ne comprends que 15% de ce qui est dit. Ça m’est égal. Chaque phrase que je déchiffre est une petite victoire. L’enseignant est très intéressant, il parle lentement et est assez expressif ce qui facilite grandement la compréhension!

Même si j’étais un peu mal à l’aise au départ, ça s’est rapidement envolé. Je me suis aperçue que je mettais sûrement davantage l’enseignant mal à l’aise que l’inverse. Il tentait du mieux qu’il pouvait de s’assurer que je comprenais bien alors je lui adressais de beaux sourires et je prenais des notes. Un peu absurdes mes notes… Mais bon personne autour n’aurait pu les déchiffrer.

Le cours s’est terminé. L’enseignant m’a demandé si j’avais bien compris. Je lui ai sorti alors une magnifique phrase que je préparais depuis une heure : «Я не всё понимала но я понимала! Зта очень интересный.» (Traduction : Je n’ai pas tout compris, mais j’ai compris. C’est très intéressant!) Et je suis sortie de la classe, étourdie de penser en allemand-russe. En effet, je m’aperçois que je comprends mieux l’allemand. Certains mots sont similaires et permettent de suivre le sens de la discussion. Mais je suis en Russie depuis deux semaines, je pense sans cesse en russe, alors quand vient le temps de m’exprimer ce sont seulement des phrases russes qui se créent dans ma tête.

Je suis sortie de la classe en même temps qu’une autre fille, une fois à l’extérieur je lui ai lancé un beau «Пака!» en souriant. (À bientôt, à la prochaine.) Objectif pour le prochain cours : parler un peu avec ces Russes qui semblent bien sympathiques. Une classe de six élèves ça facilite grandement l’échange!

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